(Billet 1027) – Occident et génocide, une longue histoire
Comment peut-on vraiment attendre des autoproclamées grandes démocraties qu’elles interviennent pour mettre un terme à ce qui est, au pire, un génocide, au « mieux », un épouvantable et innommable carnage ? A force de nous parler de droits de l’Homme, nous avons fini par croire qu’il y avait de l’humanité chez ces gens-là… mais un retour sur l’Histoire montrera qu’il n’en est rien.
La longue histoire de ce qu’on appelle aujourd’hui le bloc occidental, l’Occident ou simplement l’Ouest est faite de guerres, avec leurs cortèges de crimes et de massacres, mais aussi, de temps à autre, de génocides ou crimes à grande échelle, ce qu’on appelle aujourd’hui crimes de guerre ou contre l’humanité. Il n’est nul besoin de remonter loin dans l’Histoire, quand le carnage était la rude loi de la guerre, et que partout on s’exterminait… non, observons l’histoire de l’Occident sur les tout derniers siècles, voire uniquement les 100 dernières années.
Alors donc, l’Ouest et le génocide, une longue histoire d’intimité et d’habitude… Ainsi, entre 1492 et 1600, sur le continent américain, on estime les autochtones morts entre 30 et 50 millions de personnes, suite aux massacres, aux famines et aux maladies introduites d’Europe. Et si on étend la période jusqu’à 1900, le chiffre des morts bondit à 100 millions de personnes, dont 12 millions dans les seules frontières géographiques actuelles des Etats-Unis ! S’en est suivi un long déni avant que les historiens et les anthropologues se saisissent de cette question où les Européens, essentiellement anglais et espagnols, dans une moindre mesure néerlandais et français, étaient à l’œuvre.
Et puis il y a eu la Shoah, cette sinistre entreprise nazie qui a emporté six millions de Juifs, en plus de toutes les autres personnes frappées d’ostracisme et de marginalisation par la bande à Hitler. Il s’est avéré après la guerre que les Alliés étaient parfaitement au fait de ce génocide, mais ils n’ont rien fait. S’ils ont ouvert les camps et libéré les survivants, ce n’était pas pour autant leur objectif premier, qui était de gagner la guerre. Après… et bien après, c’était la justice du vainqueur, comme le procès de Tokyo où les Américains siégeaient en bonne place, après avoir largué deux bombres atomiques sur des villes, alors même qu’ils avaient pratiquement gagné la guerre.
Au Rwanda, 800.000 personnes ont été sauvagement abattues en trois mois. La France et la Belgique savaient, et donc aussi l’ensemble des Occidentaux, mais ils n’ont rien fait, observant les événements et geignant comme à leur habitude.
En Bosnie, de 1992 à 1995, et malgré les avertissements de l’Assemblée générale des Nations-Unies, malgré les appels au secours de survivants échappés de l’enclave de Srebrenica, malgré les satellites et les photos aériennes, l’Occident, encore une fois, a laissé faire, se contentant d’appliquer par la suite sa justice de vainqueur alors que tout tribunal qui se respecte juge le coupable présumé et ses complices supposés, et on peut être complice en regardant ailleurs ; c’est une forme de « non-assistance à peuple en danger ».
Quant à l’apartheid, avec ses « mini-génocides » ici et là, il aura duré des dizaines d’années avant que notre ami l’Occident consente à appliquer réellement et résolument ses sanctions.
Et bien évidemment, il ne faut pas omettre de parler de ces massacres perpétré par Staline, dont le sinistre Holodomor en Ukraine au début des années 30, le goulag… et aussi en Chine, avant et pendant le règne de Mao Zedong, famine, massacres de masse...
Et aujourd’hui, cela fait plus de 75 ans que dure la lente extermination des Palestiniens, avec des périodes de pics meurtriers etd ‘autres de faibles espoirs de paix. Depuis 2009, Benyamin Netanyahou est au pouvoir, il a multiplié les colonies, anéanti toute perspective de paix, rendu impossible l’édification d’un Etat palestinien, promulgué une loi d’apartheid en 2018 et, depuis début 2023, s’est entouré des pires extrémistes que peut abriter son pays, des illuminés religieux, tueurs assumés, comme Ben Gvir ou Smotrich, et même Netanyahou lui-même, tous trois adeptes de cette formule en vogue en Israël, « si la force ne suffit pas à obtenir ce qu’on veut, alors il faut user de plus de force encore » !
Une pensée pour Bush Jr et Blair qui ont reconnu leurs erreurs en Irak, les milliers de morts américains et britanniques et les centaine de milliers de victimes irakiennes passent par pertes et profits. Les justices occidentales, très enclines à se présenter en pourfendeurs des crimes de tous genres, regardent prudemment ailleurs.
Ce qui se passe aujourd’hui à Gaza revêt tous les traits du génocide et s’il n’y a « que » 35.000 morts officiellement recensés sur une population gazaouie de 2 millions, c’est bien parce que l’opinion internationale s’est dressée partout.
Alors, en toute franchise, que peut-on attendre de ces Occidentaux, des Russes ou encore des Chinois, dont les passés sont teintés en rouge sang ?! S’il devait y avoir un « mérite » à ce massacre en cours, ce génocide de plus en avéré à Gaza, c’est bien d’avoir montré qu’Occidentaux, Chinois ou Russes agissent de la même manière : ils répriment dans la violence toute contestation.
Alors, il ne faut pas s’étonner de la comlicité agissante que nous voyons aujourd’hui ches les Etats-Unis et leurs supplétifs européens pour tolérer et même encourager ce qui se passe à Gaza. L’Homme Blanc est toujours porté par sa conviction de supériorité, de civilisateur, de « développé », après avoir massacré, déporté, exterminé, mutilé, asservi, pillé tant de populations.
Les Gazaouis se font massacrer, les dirigeants occidentaux sont complices, même si leurs opinions publiques commencent un peu à se souvenir de ce que veut dire l’humanité. Il ne faut rien attendre de ces dirigeants.
Aziz Boucetta
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