Recep Tayyep Erdogan s’exprime sur la mort de Jamal Khashoggi

Recep Tayyep Erdogan s’exprime sur la mort de Jamal Khashoggi

Depuis le 2 octobre, jour de la mort du journaliste Jamal Khashoggi au consulat de son pays à Istanbul, le monde est en haleine, tentant de comprendre ce qui s’est passé. Plus de deux semaines plus tard, Riyad reconnaît enfin la mort, « accidentelle », de son ressortissant, mais cette version ne convainc personne. Le président turc a donc promis d’apporter toute la vérité sur cette affaire sordide, ce mardi. Mais il n’a rien dit, sauf poser les questions que tout le monde se pose. Verbatim.

« Le 1er octobre, la veille du jour fatidique, une équipe arrive à Istanbul et se rend dans le consulat, le lendemain, une autre équipe de trois personnes s’est rendue dans une forêt aux alentours de la ville pour repérage… Au total, c’est une équipe de 15 personnes qui est à Istanbul, et le 2 octobre, tous ces gens se trouvent au consulat ».

« A 13h08, Khashoggi se rend au consulat, et depuis, on n’a plus de nouvelles de lui. A 17h50, sa fiancée alerte sur sa disparition. Nos services entament immédiatement une investigation. On analyse les caméras de surveillance, et on se rend compte que Jamal Khashoggi n’est jamais sorti des locaux consulaires ».

« Au fur et à mesure que l’enquête avançait, des informations capitales sont apparues. Il y a eu une personne qu’on a voulu faire ressembler à Khashoggi et cette personne a quitté Istanbul en direction de Riyad. Le gouvernement saoudien a rejeté le 4 octobre toutes les informations sur l’assassinat de Khashoggi ».

« Nos unités en charge du renseignement et nos équipes poursuivent leurs investigations, mettant au jour d’autres informations. Le 11 octobre, une délégation saoudienne est venue dans notre pays pour divers entretiens, sous les yeux de l’opinion internationale. Les Saoudiens ont alors autorisé la fouille de leur consulat ».

« Des questions s’imposent, car nous sommes à Istanbul et c’est notre droit le plus naturel de mener une enquête sur l’affaire. Nous avons pris notre temps, et moi j’ai parlé au roi d’Arabie saoudite, et je lui ai dit ce que nous pensions de cette affaire au vu de nos éléments. Un jour après, le consul général a été démis de ses fonctions et il est rentré dans son pays. Le 18 octobre, de nouvelles investigations ont été menées au consulat. Le 19, les autorités saoudiennes ont admis officiellement que Jamal Khashoggi a été tué à l’intérieur du consulat, suite à une dispute qui a éclaté. J’ai encore parlé aux autorités saoudiennes. Le roi m’a parlé et m’a dit que 18 personnes ont été arrêtées en Arabie saoudite, et ce sont les 15 personnes venues en Turquie plus les 3 autres qui étaient déjà employées par le consulat. Le 21 octobre, j’ai longuement parlé à M. Trump et nous avons convenu que tout devait être su ».

« Malgré tout cela, certains avaient voulu diffamer notre pays, dans certains médias. Nous savons pourquoi et dans quel but. Cette tentative de nous mettre à mal ne nous fera pas changer d’avis, et nous continuerons de chercher la vérité ».

« Cet assassinat a été commis au consulat, terre saoudienne, mais il s’agit d’un endroit situé en Turquie. Jusqu’à maintenant, les preuves et informations qui ont vu le jour montrent que Khashoggi a été victime d’un crime barbare, d’un assassinat barbare. Le gouvernement saoudien, en acceptant l’assassinat, a fait un pas important, mais on lui demandera d’idntifier tous les responsables. C’est une opération planifiée… ».

« Pourquoi ces 15 personnes sont-elles venue en Turquie ? Par qui ont-elles été commanditées ? Pourquoi le consulat n’a été ouvert que plusieurs jours après ? Pourquoi des informations contradictoires ? Pourquoi nous n’arrivons pas à trouver le corps ? Nous attendons des réponses à ces questions. On nous a dit qu’un collaborateur local s’est occupé du cadavre. Qui est-il ? surtout que c’est un officiel saoudien qui a dit cela. Qui est cette personne ? Le dossier ne sera pas refermé si nous n’avons pas de réponses à nos questions ».

« Nos services de sécurité ont en mains d’autres éléments. L’opération a été planifiée, encore une fois. Un tel problème ne peut être mis uniquement à la charge de quelques personnes. Nous demanderons des comptes à tout le monde, du donneur d’ordre au dernier exécutant ».

« Je crois le roi d’Arabie saoudite, mais une investigation importante doit être menée impartialement. Qui sont les complices, ici et ailleurs ? Il nous faut des réponses. Le droit international, islamique, saoudien doivent faire ce qu’il faut ».

« Je lance un appel à destination de notamment du roi Salmane : l’endroit où s’est passé l’événement est Istanbul. Et je demande à ce que les 15 personnes soient jugées à Istanbul, mais c’est à son Altesse de juger ».

Pas un mot de Mohamed Ben Salmane, et un grand effort pour ménager le roi Salmane. Mais tout reste comme avant, opaque.

AB

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