L’Algérie répond, enfin, au discours du roi Mohammed VI… et c’est non, non, et non !

L’Algérie répond, enfin, au discours du roi Mohammed VI… et c’est non, non, et non !

C’était le 6 novembre… le roi Mohammed VI, dans un discours à la tonalité inattendue, tendait une main grande ouverte aux Algériens, les appelant à un dialogue franc, sincère, objectif, de bonne foi, sans conditions ni exceptions… Tout était dit : le Maroc est disposé à discuter de tout. Tout. L’offre a été unanimement saluée à l’international, mais pas par l’Algérie, qui s’est faite remarquer par son silence assourdissant.

Ainsi donc, toute la communauté internationale a applaudi à la proposition conciliatrice marocaine en direction de l’Algérie. Toute ? Non… un pays résiste encore et toujours à la raison, et l’Algérie, qui a fait donner de la voix à une « source autorisée », a considéré cet appel come un non-événement…

Mais, car il y a toujours un mais, les Algériens ont finalement compris qu’ils étaient poussés dans les cordes et que, à quelques jours d’une rencontre cruciale avec le Maroc, le Polisario et la Mauritanie, sous l’égide de l’ONU, il fallait quand même avoir une réaction pour montrer ce qui ressemblerait vaguement à de la bonne foi.

Alors l’inénarrable ministre algérien des Affaires étrangères Abdelkader Messahel a eu une idée mon Dieu qu’elle est bonne. Il a adressé le 22 novembre – deux semaines après le discours de Mohammed VI – un courrier au secrétariat général de la moribonde UMA. Voici la dépêche de l’agence de presse algérienne : « L'Algérie a saisi officiellement le Secrétaire général de l'Union du Maghreb Arabe, pour l'appeler à organiser dans les délais les plus rapprochés une réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'UMA. La demande a été portée à la connaissance des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'Union. Cette initiative s'inscrit en droite ligne de la conviction intime et maintes fois exprimée par l'Algérie de la nécessité de la relance de l'édification de l'ensemble maghrébin et de la réactivation de ses instances ».

C’est tout ? C’est tout. Une « proposition » sous forme de botte en touche qui fera certainement sourire l’austère Allemand Horst Kohler, qui attend de voir ce qui se passera à Genève, et qui attendait sans doute aussi une réponse d’Alger à l’offre marocaine de dialogue. Il n'y pas eu encore de réaction officielle de Rabat, et tout semble laisser croire qu'il n'y en aura pas...

En effet, contacté par Panorapost, un ancien haut diplomate marocain, bien au fait du dossier algéro-marocain, a estimé que la proposition algérienne n'est pas nouvelle et qu'elle n'est pas l'apanage de la seule Algérie, car les 4 autres pays peuvent aussi demander une telle réunion des ministres de l'UMA... « En outre, l'initiative d'Alger ne répond pas à l'offre marocaine, qui est bilatérale. En effet, avant de passer au multilatéral, et pour le faire réussir, il faut que les relations bilatérales soient bonnes, car comment faire vivre et prospérer un ensemble régional avec ses deux nations motrices en conflit ? Cherchez dans le monde si une telle configuration fonctionne, et nous la reprendrons à notre compte »... explique le diplomate non sans humour, ajoutant que « nous en sommes à 35 réunions des ministres des AE de l'UMA... en quoi une 36ème réunion serait-elle différente des 35 précédentes ? », insiste notre source, qui conclut par ces mots « le Maroc ne veut plus participer à des réunions pour le principe d'y être, il a bien d'autres chantiers à conduire, et cela l'occupe à plein temps ». Exact. 

Dans l’intervalle, donc, le roi Mohammed VI aura eu sa réponse, en deux temps : un, officieusement, une « source autorisée » a dit non à l’offre du roi, et deux, officiellement, l’Algérie ne veut rencontrer le Maroc que dans un cadre tout aussi artificiel que superficiel, celui de la mort-vivante UMA. Rendez-vous à Genève alors…

Aziz Boucetta

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