
Intelligence artificielle, genre et sexualité, par le Pr Abdessamad Dialmy
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- 30 mai 2025 - 08:13 --
- Maroc
Ce papier tente de saisir la nature des relations entre l’utilisateur humain l’intelligence artificielle en matière de genre et de sexualité. Quel est l’impact des échanges entre humains et compagnons virtuels sur les relations humaines en général. Avec le perfectionnement continu des intelligences artificielles (IA), on assiste à une augmentation et à une banalisation des échanges humains avec ces entités artificielles. En agissant sur nos représentations et nos attentes, les IA modifient potentiellement la manière dont les individus conçoivent désormais les rapports humains réels.
Conçus pour être obéissants et émotionnellement stables, les compagnons virtuels deviennent un compagnon idéal qui offre à leur utilisateur humain une «relation idéale ». En effet, jamais ce compagnon ne contredit ni ne frustre ni ne rejette son utilisateur. Sa disponibilité risque de conduire l’utilisateur humain à une diminution de la tolérance aux désaccords ou à la frustration dans les relations humaines qui sont par nature complexes, ambivalentes et imprévisibles.
Autre inconvénient, la déperdition des compétences sociales. Car, programmées pour répondre inconditionnellement aux besoins émotionnels de l’utilisateur, les IA débouchent sur une logique de consommation relationnelle dans le sens où les humains qui entourent l’utilisateur deviennent perçus comme une source de réconfort inconditionnel, sans que l’utilisateur exige de lui-même réciprocité et échange égal. C’est cela que l’interaction constante avec les compagnons virtuels, surtout parmi les jeunes, peut nuire au développement des compétences sociales, notamment l’empathie, la gestion des émotions et la résolution de conflits. Cela peut même entraîner un repli social, avec des effets néfastes à long terme sur le développement relationnel, en particulier chez les adolescents.
Ainsi, en offrant des relations sans réciprocité, prévisibles et centrées sur l’ego de l’utilisateur, les compagnons virtuels peuvent affaiblir l’authenticité des liens sociaux et renforcer des logiques de consommation affective. Il est donc nécessaire de développer une éthique des usages des IA relationnelles, ainsi qu’une éducation critique à ces technologies.
Au Maroc, où les normes sociales liées à la famille (toujours étendue au niveau mental malgré sa nucléarisation), au couple (encore fragile) et à la religion (toujours forte comme référentiel suprême) sont encore fortement conservatrices, cette évolution peut générer des tensions entre les pratiques individualistes émergentes et les valeurs traditionnelles. Cela crée des conflits intergénérationnels et/ou des débats éthiques autour de la légitimité des relations avec les IA. Cela peut être particulièrement préoccupant dans les zones urbaines du Maroc où l’individualisation des modes de vie progresse et renforce une culture de l’isolement. Là où les relations sociales sont encore largement basées sur les structures primaires (familiale et communautaire), le risque d’érosion de ces relations à cause des IA pourrait avoir des conséquences sur la cohésion sociale et l’intégration collective.
Impact sur l’intimité et l’amitié
La normalisation des relations avec des IA remet redéfinit les concepts traditionnels de l’amitié, de l’intimité et, dans quelques cas rarissimes des rôles de genre. En créant des formes nouvelles d’attachement, de communication et de soutien émotionnel, les IA interagissent de manière toujours plus fluide et plus souple avec les humains. Ce faisant, ces relations artificielles redéfinissent les normes relationnelles établies.
Dans son acception traditionnelle, l’amitié implique la réciprocité, la confiance mutuelle et la durabilité. Contrairement à cela, la réciprocité et la proximité avec les IA sont simulées et illusoires. Les IA ne s’engagent pas dans une relation d’amitié et ne peuvent fournir qu’un service émotionnel, à la carte. En fait, les individus se tournent vers les IA pour remédier à des manques relationnels, mais ils n’en obtiennent que des substituts appauvris incapables de remplacer des amis réels. En partageant des pensées intimes, des émotions et des secrets avec des applications IA, les individus s’adressent à des entités qui n’ont ni sentiment ni conscience. Du coup, l’intimité devient une projection unilatérale de la part du seul individu, l’entité IA ne pouvant que mimer l’intimité sans la vivre. L’intimité est ainsi dissociée de la réciprocité pour la simple raison que les compagnons virtuels n’ont pas d’intimité.
Souvent programmés pour répondre aux désirs émotionnels ou sexuels de l’utilisateur, les compagnons IA façonnent notre conception de l’intimité. Celle-ci implique la réciprocité, la vulnérabilité mutuelle et un investissement affectif dans la durée. Or, les compagnons IA – qu’ils soient virtuels, robotiques ou conversationnels – sont conçus pour satisfaire unilatéralement les besoins émotionnels et/ou sexuels de l’utilisateur. Cette relation asymétrique est sans véritables altérité et échange. L’intimité avec une IA repose sur une illusion de réciprocité : l’IA donne l’impression d’écouter, de ressentir et de s’attacher, mais ne possède ni conscience, ni émotions réelles. Cette « intimité simulée » peut conduire les individus à préférer des relations sans risques ni conflits à la complexité des relations humaines. Cela transforme l’intimité en prestation de service émotionnel.
Les compagnons IA comme Replika, Gatebox ou RealDollX sont conçus pour satisfaire des besoins affectifs ou sexuels sur commande. Cela réduit l’intimité à un produit technologique et à une marchandise, grâce auxquels le capitalisme transforme les émotions en objets de consommation. Dans ce contexte, les IA deviennent des dispositifs achetables de satisfaction immédiate, produisant des formes d’attachement sans altérité réelle et sans engagement.
A cause de leur nature marchande, les compagnons IA offrent une intimité où l’utilisateur a le contrôle total de la relation : il peut choisir l’apparence, la voix, les réponses du partenaire, et même les scénarios relationnels. Cette relation pseudo parfaite est paradoxale: plus une relation est programmable, moins elle permet une véritable rencontre avec l’autre.
Dans la culture marocaine, l’intimité est fortement régulée : elle est le plus souvent associée à l’espace conjugal, à la pudeur, et à des valeurs morales liées à l’honneur familial et à la discrétion. Les compagnons IA, en permettant une intimité hors du cadre conjugal, agissent comme des zones franches numériques dans lesquelles les normes traditionnelles sont suspendues, contournées. Cela produit une tension entre le licite et l’illicite, puisque l’utilisateur peut entretenir une relation intime simulée sans transgresser physiquement les normes sociales et les interdits juridiques et religieux, tout en entrant dans une zone ambiguë. Quoique les sexualités transgressives réelles sont de plus en plus fréquentes au Maroc, établies à la fois par la sociologie marocaine et les romans marocains[2]. Par conséquent, on peut affirmer que la sexualité transgressive réelle est confortée, voire élargie et facilitée par la sexualité transgressive numérique.
Malgré ces risques, les compagnons IA peuvent aussi ouvrir un champ de redéfinition de l’intimité, notamment pour des groupes marginalisés : personnes âgées, célibataires involontaires, personnes LGBTQ+… (qui rencontrent de nombreux obstacles au Maroc). Ils permettent à certains individus de vivre une forme d’intimité alternative, qui n’aurait peut-être pas été possible autrement dans un cadre social normatif. Il ne s’agit donc pas uniquement d’une menace à l’intimité humaine, mais aussi d’un symptôme d’un besoin de reconnaissance, d’écoute et d’affection qui n’est pas toujours satisfait par les structures sociales existantes/dominantes. L’exemple des LFBTQ+ au Maroc est pertinent à ce sujet. C’est grâce à l’Internet et aux IA que ce groupe signe sa naissance publique et crée un sentiment d’appartenance et d’intimité parmi ses membres[3].
On peut affirmer qu’au Maroc les compagnons IA programmés pour répondre aux désirs émotionnels ou sexuels contribuent à une mutation profonde du rapport à l’intimité. Ils déplacent cette dernière vers une logique d’efficacité, de personnalisation et de désincarnation, remettant en cause les repères traditionnels qui fondent la vie affective et relationnelle. Cette évolution soulève des questions éthiques, culturelles et psychologiques majeures, appelant à une réflexion collective sur la manière dont la technologie redessine les contours du lien humain.
Des avatars sexuels féminisés
Souvent genrées et féminisées, les IA envoient des messages sur les rôles attendus des femmes dans leurs relations aux hommes : douceur, disponibilité, soumission, esthétique parfaite. En effet, les IA relationnelles sont basées sur des normes genrées sexistes. Les voix féminines sont douces, et les femmes virtuelles développent des attitudes de soumission et/ou de séduction. De cette manière, il y a une reproduction des stéréotypes patriarcaux, qui renforcent des attentes genrées : les femmes doivent être au service des hommes tandis que les hommes doivent dirigent les femmes. En un mot, l’oppression des femmes est reproduite dans/par les IA. En effet, de nombreuses intelligences artificielles relationnelles – assistants vocaux, compagnons virtuels ou robots humanoïdes – sont féminisées : voix douces, noms évocateurs (Siri, Alexa, etc.), apparence soignée et attitude serviable. Ce phénomène de "féminisation par défaut" est significatif : il reflète et renforce les stéréotypes de genre profondément ancrés dans la culture sexiste patriarcale. Ce choix de design s’inscrit dans une histoire où les femmes sont assignées à des fonctions de soin, de soutien et de disponibilité émotionnelle. La féminisation des IA suggère que le rôle « naturel » des femmes est d’assister, de plaire, de répondre aux besoins d’autrui. C’est ainsi que des produits comme les robots sexuels ou les assistantes virtuelles incarnent une figure féminine idéalisée, docile et chosifiée, véhiculant les normes esthétiques et comportementales dominantes. C’est pour cela que ces produits sont socialement « plus acceptables » car ils s’insèrent dans des attentes culturelles sexistes encore dominantes. Cet état des choses contribue à naturaliser la domination masculine, à naturaliser la féminité comme disponibilité et soumission, et comme un objet à contrôler (technologiquement aussi). Pire, les IA féminisées acceptent les insultes sexistes sans réagir, renforçant l’idée que les femmes doivent rester calmes et accommodantes face à des comportements masculins violents.
.Cependant, certains concepteurs explorent des formes de dégenrisation ou de fluidité identitaire dans les IA. Par exemple, le chatbot "Q" se veut non genré pour éviter les biais sexistes. Ainsi, la normalisation des relations avec des IA peut à la fois renforcer les rôles de genre traditionnels ou offrir un espace pour les redéfinir. En effet, l’intelligence artificielle pourrait aussi être mobilisée pour déconstruire ces normes sexistes. Des concepteurs et artistes explorent la possibilité de dé-genrer les IA ou de leur attribuer des identités non binaires. Par exemple, le projet “Q”, présenté comme la première IA sans genre, cherche à perturber l’association automatique entre genre et fonction sociale. De même, des approches post-humanistes plaident pour une vision des technologies qui dépasse les binarismes de genre. L’IA pourrait ainsi devenir un espace de réinvention des identités, un levier pour penser l’altérité dans des cadres non hétéro-normatifs et anti-patriarcaux.
Appliquée au contexte marocain, cette importation de modèles genrés contribue à reproduire une hiérarchie de genre globalisée, en l’enracinant localement dans des usages numériques. Cela peut créer un décalage entre les aspirations d’émancipation portées par une élite des femmes marocaines et les modèles figés que leur impose la technologie (et l’idéologie patriarcale). Cependant, une IA conçue dans l’optique de la déconstruction des genres est susceptible de remettre en question les stéréotypes de genre. Par exemple, elle pourrait inverser les rôles et inventer des IA masculines émotionnelles et vulnérables et des IA féminines indépendantes et fortes. Cela constituerait une occasion pédagogique précieuse pour approfondir des conversations sur les normes de genre[4], en particulier auprès des jeunes générations. Cela suppose une volonté politique, culturelle et éducative d’inclure les questions de genre, de diversité et de justice sociale dans la conception même des technologies. Mais en général, la féminisation des IA dans sa forme actuelle renforce au Maroc des stéréotypes de genre traditionnels qui placent la femme dans un rôle de soumission, de service et d’ornementation. Elle contribue à la normalisation d’une intimité asymétrique non conflictuelle.
La chosification des femmes
Dans le même sillage, beaucoup d’avatars créés par des hommes affichent des corps féminins hyper-sexualisés, irréalistes et stéréotypés. Évidemment, cela contribue à la chosification des femmes. Dans la plupart des IA, de nombreux avatars féminins sont conçus avec des caractéristiques physiques hyper-sexualisées : proportions idéales irréalistes, tenues provocantes, posture suggestive. Cette tendance est souvent le fruit de productions masculines, elle alimente des représentations stéréotypées de la féminité. Or, ces représentations participent à la chosification des femmes, tant dans les espaces numériques que dans la société réelle.
La chosification sexuelle consiste à réduire la femme à son corps et à son apparence, en la traitant comme un objet de plaisir visuel. En fait, lorsque les avatars féminins sont systématiquement représentés comme des objets sexuels, cela signifie que la valeur des femmes réside avant tout dans leur apparence et leur capacité à plaire et à séduire. Cette chosification se situe dans la culture visuelle dominante et se fonde sur un regard masculin hétérosexuel. C’est ce regard qui définit et façonne les femmes en objet de désir. Ce regard masculin dominant est intégré dans la conception des avatars : les corps sont stylisés pour maximiser le plaisir visuel masculin, créant une norme esthétique irréaliste sélective. Les femmes qui ne correspondent pas à cette norme sont invisibilisées ou perçues comme non désirables.
L’exposition répétée à ces images irréalistes de femmes irréelles contribue à l’internalisation des normes sexuelles et corporelles irréelles chez les jeunes filles et les femmes. Cela peut entraîner chez elles de la honte, de l’anxiété et une baisse de l’estime de soi. En revanche, chez les garçons et les hommes, cela favorise une vision instrumentalisée des femmes, où l’apparence prime sur la personnalité, et où les interactions sont guidées par des attentes sexistes et sexuelles.
Cependant, certains créateurs et créatrices (minoritaires) proposent des avatars féminins diversifiés, qui échappent aux stéréotypes de genre : corps non sexualisés, rôles narratifs complexes. Ces initiatives ouvrent la voie à une culture numérique plus inclusive, où les femmes sont représentées comme des sujets à part entière, et non comme de simples objets visuels.
Dans le contexte marocain, cette homogénéisation technologique du corps féminin hyper-sexualisé occulte la diversité des réalités des femmes, rurales, populaires, conservatrices, voilées, âgées… Elle favorise une vision étrangère et étrange de la féminité, souvent déconnectée des vécus locaux. L’usage répandu d’avatars féminins hyper-sexualisés et stéréotypés, créés ou utilisés majoritairement par des hommes marocains, participe activement à la reproduction de la chosification des femmes, aussi bien dans les espaces numériques que dans les représentations sociales plus larges. Ce type d’expression numérique de la femme crée un paradoxe : l’hyper-sexualisation du corps féminin est tolérée dans les univers virtuels, mais elle est jugée indécente quand elle s’incarne dans des corps réels. Ce qui arrive souvent et ce qui justifie chez certain(e)s les violences sexuelles que subissent les femmes aux niveaux réel et numérique. Cela signfie que le corps féminin est un objet de fantasme hyper-sexualisé dont l’expression réelle est censurée et jugée inacceptable. C’est là une sorte de schizophrénie masculine et masculiniste chez les hommes marocains : leur posture officielle publique exige que les femmes soient discrètes et pudiques alors que leur posture intime est marquée par la consommation d’images féminines hyper-sexualisées dans les environnements numériques.
Pour contrer cette tendance à la chosification numérique des femmes, il est nécessaire de promouvoir des avatars alternatifs, conçus par des femmes ou des collectifs critiques du genre, valorisant la diversité des corps, des rôles et des styles. Mais aussi et surtout intégrer une éducation au numérique et à l’image dans les programmes scolaires marocains, afin de développer l’esprit critique face aux représentations sexistes en ligne.
Conséquences sur les jeunes générations
L’hyper-sexualisation des avatars et des représentations féminines dans les univers numériques constitue un phénomène social aux implications profondes, notamment pour les jeunes qui sont en pleine construction identitaire. Ceux-ci sont particulièrement vulnérables aux messages véhiculés par les médias numériques, en raison de leur forte exposition à ces médias et de leur stade développemental psychologique. Lorsqu’ils sont confrontés à des corps féminins hyper sexualisés et dociles, les adolescents peuvent intérioriser des normes corporelles introuvables dans la réalité et des rôles genrés stéréotypés. Cela peut conduire les jeunes filles à l’insatisfaction corporelle, à la conformité esthétique et à une e dévalorisation de soi.
L’exposition répétée à des représentations sexualisées dans les environnements numériques peut conduire à une sexualisation précoce, c’est-à-dire à la valorisation du corps comme unique capital social. Les jeunes filles peuvent en venir à se percevoir comme chose à travers le regard des hommes. Chez les garçons, cela peut engendrer une perception biaisée des relations : les femmes seraient des objets de désir disponibles, ce qui renforce des logiques de domination et de déshumanisation des femmes.
Par conséquent, on peut affirmer que la représentation stéréotypée des genres dans les univers numériques contribue à rigidifier les rôles masculins et féminins. Les femmes sont souvent réduites à leur fonction décorative ou émotionnelle, tandis que les hommes incarnent la force, l’action, la rationalité. Ces récits renforcent une vision binaire et hiérarchique des genres, ce qui peut décourager les trajectoires qui sortent des normes hétéro-normatives patriarcales. Il va de soi que cela nuit spécialement aux personnes LGBTQ+ et non binaires.
Malgré ces risques, les environnements numériques peuvent aussi être des espaces d’émancipation. Des initiatives pédagogiques encouragent les jeunes à développer une pensée critique des médias afin d’analyser les représentations qu’ils consomment. Les créateurs de contenu peuvent également promouvoir des avatars plus diversifiés, inclusifs et réalistes, contribuant à une reconfiguration des imaginaires collectifs.
Dans le contexte marocain, où les normes de socialisation sont encore fortement collectives et familiales, cela peut accentuer le fossé entre les générations, mais aussi entre les expériences virtuelles et les normes sociales vécues (liées au mariage, à la pudeur, au rôle genré). Dans une société marocaine où les rapports de genre sont déjà marqués par des déséquilibres structurels (accès différencié à l’espace public, à l’éducation sexuelle, à la parole), les technologies risquent de consolider ces asymétries, au lieu de les corriger. Cependant, les sentiments d’incompréhension générationnelle, la déconnexion des pratiques sociales locales, voire la désaffiliation culturelle pour certains jeunes en quête de modèles extérieurs via Internet et l’IA peuvent contribuer à une individualisation des parcours de vie. Le jeune marocain chercherait alors à s’émanciper du collectif via des substituts numériques, ce qui engendrer des tensions qui peuvent se transformer en levier d’expression et en moteur de changement social. Cette évolution représente une opportunité d’émancipation, notamment pour les jeunes qui se sentent exclus ou marginalisés par les normes sociales traditionnelles (jeunes femmes, LGBTQ+, célibataires contraints…). L’IA leur offre un espace d’expérimentation identitaire et relationnelle, dans un cadre plus sécurisé. L’enjeu aujourd’hui est de développer une éducation critique au numérique dès le secondaire, une intégration des enjeux d’éthique, de genre et de sexualité dans les politiques éducatives et une vigilance parentale et sociétale qui ne juge pas soit pas mais qui accompagne.
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Bibliographie
Bryson, Joanna J. (2010). Robots should be slaves. In Y. Wilks (Ed.), Close Engagements with Artificial Companions (pp. 63–74). John Benjamins.
Danaher, John (2017). Robotic Romantic Companions: A Threat to Love? In Robot Sex: Social and Ethical Implications, MIT Press.
Devlin, Kate (2018). Turned On: Science, Sex and Robots. Bloomsbury Sigma.
Illouz, Eva (2007). Cold Intimacies: The Making of Emotional Capitalism. Polity Press.
Haraway, Donna (1985). A Cyborg Manifesto. Socialist Review.
Johnson, Deborah G. (2011). Computer systems: Moral entities or tools?. Ethics and Information Technology, 13(2), 145–150.
Levy, David (2007). Love and Sex with Robots: The Evolution of Human-Robot Relationships. HarperCollins.
Noble, Safiya Umoja (2018). Algorithms of Oppression: How Search Engines Reinforce Racism. NYU Press.
Przybylski, Andrew K., & Weinstein, Netta (2013). Can you connect with me now? How the presence of mobile communication technology influences face-to-face conversation quality. Journal of Social and Personal Relationships, 30(3), 291–310.
Turkle, Sherry (2011). Alone Together: Why We Expect More from Technology and Less from Each Other. Basic Books.
UNESCO (2019). I’d Blush if I Could: Closing Gender Divides in Digital Skills Through Education.
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Abdessamad Dialmy est sociologue, Professeur d’université émérite, Expert/Auteur en « Genre, sexualité et féminisme en Islam ».
[2] Voir à ce sujet mon livre : Jeunesse, sida et Islam au Maroc : les comportements sexuels des jeunes , Casablanca, EDDIF, 2000.
Et mon article : « Les sexualités transgressives dans le roman marocain de langue française», in Transgressions en tous genres, Actes du colloque d’Innsbruck (2022), Editions Georg Olms Verlag, Baden Baden, 2024, pp. 131-156
[3] Abdessamad Dialmy : « Transitional LGBT in Morocco : LGBT between Islam and Human Rights », in : MoroccoDynamics of Inclusion and Exclusion in the MENA Region : Minorities, Subalternity and Resistance. Rabat, Hans Seidel Foundation, 2019, pp. 249-272.
[4] Voir à ce sujet mes deux livres :
Vers une nouvelle masculinité au Maroc, Dakar, CODESRIA, 2009.
Pour une masculinité non violente à l’égard des femmes, Casablanca, Le Fennec, 2023.
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