Al Moutmir : une hausse record des rendements oléicoles confirmée à Meknès
Soutenue par les travaux scientifiques de la Faculté d’Agriculture et des Sciences de l’Environnement de l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), l’initiative Al Moutmir poursuit son déploiement sur le terrain dans plusieurs zones agricoles du Royaume. Grâce à ses plateformes applicatives dédiées à la filière oléicole, le programme confirme cette saison une amélioration notable des rendements, au bénéfice direct des agriculteurs.
Lors d’une visite de terrain effectuée par PANORAPOST le jeudi 4 décembre 2025, dans un champ d’oliviers de la commune de Dkhissa (province de Meknès), l’équipe a pu constater des résultats tangibles : les plateformes ont permis une hausse de plus de 33 % de la productivité par rapport aux parcelles témoins, notamment pour la variété Picholine marocaine.
Depuis son lancement, le programme a accompagné plus de 1.000 agriculteurs et réalisé plus de 6.200 analyses de sol au cours de la campagne 2024-2025, réparties sur 14 plateformes applicatives. Ces outils contribuent à instaurer, au sein des exploitations, une approche agricole moderne fondée sur l’analyse, la précision et le suivi rigoureux.
Selon les experts d’Al Moutmir, la plateforme de Dkhissa a vu sa production passer de 6 tonnes à 8 tonnes par hectare, un progrès confirmé sur le terrain lors de la récolte. Les agriculteurs interrogés soulignent également une meilleure qualité des fruits et une maturité plus homogène que les saisons précédentes.
Le programme repose sur le parcours technique intégré (ICP), une série d’opérations complémentaires qui commencent par la récolte précoce de la saison précédente, la taille de fructification et le traitement hivernal, pour aboutir à la fertilisation profonde, à la fertilisation de couverture et à la fertilisation foliaire à base d’oligo-éléments tels que le bore et le zinc, en plus d’un suivi continu de la lutte contre les ravageurs.
Ayoub Maalem, coordinateur régional de l’initiative Al Moutmir pour la région Saïs-Khémisset, explique que l’approche adoptée commence par l’analyse du stock nutritif du sol, permettant de définir un programme de fertilisation précis en termes de quantités et de types d’apports. Il insiste également sur l’importance de la lutte contre les maladies fongiques et la mouche de l’olive.
Il a ajouté que la phase de récolte revêt une importance particulière, les agriculteurs étant orientés vers le choix du moment de véraison afin de garantir une huile riche en polyphénols et de haute qualité. L’utilisation d’équipements modernes et de caisses plastiques, préservant l’intégrité des fruits, fait aussi partie des bonnes pratiques transmises au sein des « écoles aux champs ».
Plusieurs agriculteurs ont exprimé leur souhait de voir ces expériences étendues à d’autres zones et à d’autres cultures, estimant que les « écoles aux champs » sont devenues des espaces de partage d’expertise et de diffusion de techniques permettant de renforcer la résilience de l’olivier face aux aléas climatiques.
Pour sa part, Abdelali Echmarkhi, agriculteur de la commune de Dkhissa, affirme que la transformation qu’a connue la région depuis 2018 a été « radicale ». Il souligne que les analyses réalisées cette saison auprès d’environ 400 agriculteurs ont permis une meilleure compréhension des besoins du sol, ce qui s’est traduit par une amélioration de la production et de la qualité oscillant entre 25 % et 30 %.
Les plateformes applicatives du programme Al Moutmir contribuent ainsi à ancrer une agriculture scientifique, à transférer les technologies agricoles modernes et à réduire l’impact des changements climatiques sur la productivité de la filière oléicole. Elles permettent d’améliorer les rendements, de diminuer les coûts et d’augmenter les revenus des agriculteurs.
Abdelkader El Fatouaki/ Meknès
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