À la COP30, le Maroc plaide pour une finance climat accessible aux territoires
Comment rapprocher les financements internationaux des territoires confrontés chaque jour aux impacts du dérèglement climatique ? À la COP30 de Belém, un side-event sur "L’accès des Régions du Maroc à la finance climat" a apporté des éléments de réponse en mettant en avant une approche marocaine fondée sur la territorialisation, le renforcement des capacités et la mise en réseau.
Organisée par la Direction générale des collectivités territoriales (DGCT), la rencontre a réuni différents acteurs pour examiner les conditions permettant un accès direct aux financements d’atténuation, d’adaptation et de résilience, au moment où seules 10% des ressources climatiques internationales atteignent les échelles locales alors que les villes concentrent près de 70% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Le Maroc a déjà mobilisé une part importante de son budget national pour soutenir les investissements inscrits dans sa Contribution déterminée au niveau national (CDN), dont le coût dépasse 80 milliards de dollars, mais ne suffisent pas à couvrir l’ensemble des actions programmées, dont une partie dépend encore de financements extérieurs.
Radouane El Bizi (DGCT) a rappelé que la territorialisation de l’action climatique constitue un axe majeur de la stratégie marocaine depuis plus d’une décennie. Depuis la COP22 de Marrakech et l’adoption de la Feuille de route pour la localisation de la finance climat, plusieurs programmes structurants ont permis de former des cadres territoriaux, de produire des guides méthodologiques et d’appuyer les régions dans le montage de projets éligibles aux mécanismes nationaux et internationaux.
Il a cité, à titre d’exemple, le partenariat établi en 2021 avec le Global Green Growth Institute (GGGI), qui a abouti à dix notes conceptuelles dans la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, ainsi que les formations menées avec la Fondation Mohammed VI pour la protection de l'environnement (FM6E), ayant permis l’élaboration de vingt-quatre projets climatiques.
Ayman Cherkaoui, directeur du Centre international Hassan II de formation à l’environnement relevant de la FM6E, a insisté sur la nécessité de renforcer les chaînes de connexion entre besoins locaux et sources de financement. Travaillant en étroite collaboration avec la DGCT, l'institution œuvre à rapprocher les besoins de l’offre grâce au renforcement des capacités et à des programmes dont les impacts sont aujourd’hui mesurables dans les douze régions du Royaume.
Cette dynamique inclut également la territorialisation de l’outil Bilan Carbone Maroc ainsi que l’appui à la jeunesse marocaine et africaine, a-t-il ajouté, en soulignant que ces efforts s’inscrivent dans la vision de SM le Roi Mohammed VI et sous la présidence effective de SAR la Princesse Lalla Hasnaa.
Présentant une analyse structurante sur les enjeux de la finance climat, Abdellatif Mazouz, président de la région Casablanca-Settat, a souligné que les territoires restent insuffisamment intégrés en tant que porteurs directs dans les programmes internationaux, alors qu’ils représentent le niveau d’action le plus proche des citoyens, des services publics et des infrastructures critiques.
Il a en outre cité des exemples concrets qui démontrent l’engagement de la région en matière d’accès à la finance climat : 100 millions de dollars obtenus auprès de la Société financière internationale (SFI) en 2020, 100 millions d’euros avec l'Agence française de développement pour 2026, et 100 millions d’euros via un emprunt obligataire partiellement souscrit par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement et la SFI.
Pour faciliter l’accès des territoires à la finance climat, il a notamment suggéré la création d’un guichet unique virtuel international dédié, le renforcement de la connaissance des dispositifs existants par les collectivités marocaines, l'accélération du déploiement du Programme d'action climat des collectivités territoriales du Maroc (2025–2028) en partenariat avec la Convention mondiale des maires (GCoM), et l'intégration d'une planification territoriale dans la Stratégie Nationale Bas Carbone.
Pour Asif Nawaz Shah (GCoM), l’enjeu réside désormais dans l’intégration systématique des villes et régions dans les plateformes de financement. Il a mis en avant les quatre axes de l’initiative CHAMP (gouvernance multiniveau, capacités locales, finance verte et adaptation) et rappelé que le Maroc fait partie des trois premiers pays, avec le Brésil et le Kenya, à avoir lancé un CHAMP Finance Accelerator destiné à structurer des projets urbains prêts à financer.
Saluant le leadership régional et international du Maroc, Pablo Mariani, responsable Climat à Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU), a souligné que le Royaume « figure parmi les premiers pays capables de démontrer comment une architecture nationale ouverte aux régions peut faciliter l’accès aux financements internationaux, y compris pour les pertes et préjudices ».
Il a également mis en avant le rôle central des villes intermédiaires, décrites comme « des plateformes d’innovation sociale et la première ligne de l’adaptation climatique ».
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