Algérie : Une marée humaine à Alger, ce vendredi contre le 5è mandat

Algérie : Une marée humaine à Alger, ce vendredi contre le 5è mandat

Une marée humaine a envahi pacifiquement les rues d'Alger et des grandes villes d'Algérie en demandant, pour le troisième vendredi consécutif, au président Abdelaziz Bouteflika de renoncer à un cinquième mandat.

Défiant les mises en garde sur les risques de chaos lancées la veille par le chef de l'État, hospitalisé à Genève, la foule algérienne a défilé, vendredi 8 mars, en arborant de grands drapeaux algériens rouge, vert et blanc pour demander qu'Abdelaziz Bouteflika renonce à briguer un cinquième mandat.

À Alger, la mobilisation a été très largement supérieure à celles des deux précédents vendredis, pourtant déjà impressionnantes. Mais elle est difficile à chiffrer, les autorités ne donnant aucune évaluation du nombre de protestataires tandis que certains sur les réseaux sociaux évoquent peut-être des millions.

À Oran et Constantine, respectivement deuxième et troisième ville du pays, la mobilisation a été également très importante, comme dans d'autres villes du pays. À Alger, les places et principales rues du centre sont restées noires de monde durant des heures.

Les rassemblements ont coïncidé avec la célébration du 8 mars, Journée internationale pour les droits des femmes, et un grand nombre d'entre elles figuraient parmi les manifestants de tous âges qui ont défilé dans le calme, aux cris de « Pouvoir, assassin », ou « Pas de 5e mandat, eh Bouteflika! » ou « Femmes contre le 5e ». « Ils ont les millions, nous sommes des millions », proclamait une pancarte brandie par une femme dans le cortège.               

« Il est là le peuple, de toutes les couches sociales, des enfants aux plus vieux, tout le monde dit: « non au cinquième mandat, partez s'il vous plait, vous ne serez même pas jugés’ », confie aux médias Kamel, un manifestant de 37 ans.

La police a fait usage dans l'après-midi de gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants qui tentaient de forcer un cordon de police bloquant l'accès à une artère remontant vers la présidence de la République.

Alors que le cortège s'était dispersé calmement et que les rues se vidaient à la tombée de la nuit, des heurts ont opposé, comme les deux semaines passées à la fin de la manifestation, ces policiers à de petits groupes de jeunes.

Ces heurts, selon la police, ont fait 112 blessés dans ses rangs, et 195 personnes ont été arrêtées, soupçonnés de « saccage » et de « vandalisme ».

Aucun autre incident notable n'a été signalé durant la manifestation, qui s'est déroulée dans une ambiance festive, en l'absence de policiers pourtant initialement présents en force dans le centre-ville, mais qui se sont retirés face au nombre de marcheurs.

À Oran, toute la ville « est sortie, c'est du jamais vu », a rapporté un journaliste, faisant état d'une mobilisation beaucoup plus importante que les deux précédents vendredis, notamment des femmes.

À Constantine, aussi, « il y a une très grosse mobilisation » et « beaucoup plus de monde » que les 22 février et 1er mars, selon un journaliste sur place.

La mobilisation a également été « impressionnante » à Annaba, quatrième ville du pays et à Béjaïa, dans la région de Kabylie (nord), selon un journaliste sur place.

Des sources au sein des services de sécurité ont signalé des marches massives à Tizi-Ouzou, autre ville de Kabylie, Tiaret et Mascara (nord-ouest). D'autres manifestations ont été également signalées à Ghardaïa (centre), M'sila (nord), Sidi bel Abbes et Tlemcen (nord-ouest), selon ces sources.

Aucun incident n'a été signalé en province. En plus des appels à la mobilisation, sous le hashtag « #Mouvement_du_8_Mars », avaient également circulé sur les réseaux sociaux les « 18 commandements des marcheurs du 8 mars », rappelant le mot d'ordre de manifestation « pacifique ».

Parmi ces commandements écrits par le poète et écrivain Lazhari Labter: « Pacifiquement et tranquillement je marcherai », « A aucune provocation je ne répondrai », "Pas une pierre je ne jetterai, « Après la marche (...) je nettoierai ».

La rédaction

Commentaires