
(Billet 1157) – Abdellatif Hammouchi, 35 ans de service… Hicham Jerando, 15 ans de prison !
Les coups bas… y en a pas qu’au Maroc, y en a dans le monde entier, oui mais dans le monde entier y a pas partout le Maroc, v’là l’ennui… aurait pu chanter Yves Montand. Les attaques contre quoi, contre qui ? Contre des piliers de l’Etat marocain. Les youtubeurs, depuis l’étranger, y vont de leurs logorrhées insultantes et accusatrices, sans se soucier le moins du monde de la vraisemblance de ce qu’ils racontent ni du volume et de la qualité du travail accompli par ces personnages.
Qui sont ces personnages chargés, agressés, insultés ? Des hauts fonctionnaires centraux de l’Etat marocain, et essentiellement le premier magistrat du royaume Mohamed Abdennabaoui et le premier flic du pays aussi, Abdellatif Hammouchi, mais ce dernier est bien plus attaqué et accusé de tous les maux. La liberté d’expression existe certes mais parfois elle gagnerait à s’appuyer sur la faculté de réflexion.
La concomitance de ces assauts est assez singulière et indique une coordination entre ces différents personnages, tous auto-exilés ou en fuite, tous condamnés ici ou dans leurs pays d’accueil. La concentration de leurs charges contre Mohamed Abdennabaoui et surtout Abdellatif Hammouchi est destinée dans les esprits de ses auteurs à éroder l’autorité des responsables de ces deux piliers d’un Etat de droit, d’un Etat serein, en l’occurrence la justice et la sécurité. Ils ne s’en prennent pas au roi car ils savent qu’ils n’auront aucun suiveur, alors ils cognent contre ces hauts fonctionnaires qu’il a nommés. De quel droit ? Celui qu’ils se sont donné, se présentant comme des redresseurs de torts, comme des hérauts de la liberté, alors même qu’ils sont presque tous en délicatesse avec les justices marocaine, canadienne, française…
Ces gens agissent chacun à sa manière, selon son style. De Zakaria Moumni à Ali Lmrabet, de Hicham Jerando à Mohamed Hajib, et d’autres encore comme Driss Ferhane avant son incarcération en Italie, ils développent tous des narratifs, le premier en hurlant et éructant des insultes, souvent ordurières, le second déroulant des discours qui se veulent analytiques, le troisième avec ses propos fielleux, ses menaces récurrentes et ses appels à la sédition, les autres à l’avenant… Ignorent-ils donc tous qu’historiquement, ici au Maroc ou ailleurs, les critiques les plus virulentes, quand elles sont infondées, renforcent toujours leurs cibles ?
Il faut dire en effet que ceux qui ont fait un métier de l’attaque contre Abdellatif Hammouchi, patron du pôle sécuritaire DGSN/DGST, érigé comme cible principale, comme punching ball préféré, restent quelque part coincés dans un narratif politique remontant au siècle dernier, quand la police confondait entre servir et sévir. Elle était brutale et en face, les opposants, des vrais, étaient rudes ; ils avaient fait le coup de feu contre les autorités du Protectorat français, puis avaient milité contre le général Oufkir et à l’encontre de Driss Basri. Aujourd’hui, le royaume n’abrite plus ni flics violents ni vrais opposants, dans le sens classique du terme, c’est-à-dire des gens portant des valeurs et les défendant au besoin à leur propre préjudice. Aujourd’hui, les opposants autoproclamés sont des vidéastes installés confortablement dans leurs bureaux ou salons, multipliant des accusations non fondées et des allusions appuyées, à défaut de preuves, par des clins d’œil et des sourires entendus. C’est tout.
En un mot comme en cent, hier le combat politique opposait des militants engagés à des cerbères enragés, aujourd’hui, c’est tout simplement le contraire. Ces gens ne parviennent ni à comprendre et encore moins à admettre que le Maroc a changé, qu’il est désormais apaisé, que la police agit dans le respect des règles du droit, que la contestation des politiques publiques, de la politique générale de l’Etat et des institutions bat son plein en toute liberté, ici même au Maroc. Mais, bien évidemment, il y a et il y aura toujours des gens pour regarder le Maroc d’aujourd’hui à travers le prisme d’hier, celui des années de plomb, soldé par l’IER et la refonte de l’appareil sécuritaire ; des gens qui estiment être en droit et en capacité d’imposer leurs idées, leurs changements, agissant généralement soit par procuration soit, simplement et prosaïquement, pour l’argent.
Alors d’un côté, nous avons un Hicham Jerando qui fait aujourd’hui l’actualité. Se présentant comme un exilé politique, il vient d’être condamné par contumace à 15 années de prison pour constitution d’une bande terroriste se préparant à commettre des actes terroristes dans le cadre d’un projet collectif fondé sur la menace, l’intimidation, ainsi que l’incitation et la persuasion d’autrui à commettre des actes violents. C’est lourd, c’est grave, mais les vidéos de Jerando prouvent clairement ses desseins, entre autres ses attaques nominatives et menaçantes contre le juge Bensami et la volonté de vengeance, et uniquement de vengeance, qu’il a clairement affirmée. D’autres plaintes sont déposées contre lui au Canada, par des Marocains d’ici ou de là-bas, s’ajoutant à celles déjà en cours et s’additionnant aux condamnations déjà prononcées par les tribunaux canadiens.
Hicham Jerando, en fuite du Maroc, se dit menacé, mais il est en réalité en difficulté financière, son entreprise de vente de vêtements en rebut pour défaut de fabrication étant en faillite. Il s’est rabattu sur ses vidéos qui lui rapportent de l’argent, puis il s’est tellement pris à son jeu de redresseur de torts et de lanceur d’alertes qu’en 2016, il avait sollicité de HRW son recrutement pour le Québec et qu’en 2019, il a postulé pour la citoyenneté du… royaume de Jbal al-Asfar, une étendue de sable et d’ergs caillouteux, coincée entre Egypte et Soudan, qui n’appartient à personne ! Alors, fort de son expérience avec HRW et dans ledit royaume, Hicham Jerando revient au Maroc pour le sauver… et tout cela devant son ordinateur, bien protégé par la glaciation des Canadiens, cryogénisés au point que leur pays est devenu le réceptacle souriant des délinquants financiers du Maroc et d’ailleurs.
De l’autre côté, Abdellatif Hammouchi. Pur produit de l’école publique, entré à la DST dès l’obtention de son diplôme, il a gravi un à un les échelons de son administration pour en prendre la tête en 2005. Homme de dossiers, il travaille dans la discrétion et réforme à tour de bras ; en 2015, son efficacité lui vaut sa nomination à la direction générale de la Sûreté nationale. Sauf à avoir une solide mauvaise foi, les plus de 30 ans peuvent mesurer la criante différence entre la sécurité d’avant et celle d’aujourd’hui, en matière de personnels, de règles, d’organisation et de structuration. Et d’efficacité. Abdellatif Hammouchi est reçu partout dans le monde, décoré par bien des pays d’Europe et d’Afrique, et ses services ont contribué à la sécurisation de bien des événements internationaux et à la mise hors d’état de nuire de bien des groupes terroristes au Maroc bien évidemment, mais aussi en France, Espagne, ailleurs en Europe, dans le Sahel,… et la coopération bat son plein avec ses homologues du Golfe arabe et d’Amérique. Abdellatif Hammouchi a pu ajouter la diplomatie sécuritaire aux autres formes de diplomaties parallèles que le Maroc a mis en place avec succès.
En fait, Hicham Jerando, ses amis, ses acolytes et même ses muses restent, comme nos amis Algériens, coincés dans une attitude des années 70, figés dans des logiques aujourd’hui dépassées, incapables de comprendre qu’au Maroc, les choses se sont largement amélioré, que la police et la sécurité du territoire agissent en intelligence avec les populations, que le problème n’est plus dans nos services de sécurité mais dans notre classe politique et l’égale indigence de la majorité et de l’opposition.
Quant à Abdellatif Hammouchi et ses hommes, ils ne s’occupent pas de politique active, mais de sécurité, de sûreté et de prospective politique, par l’anticipation et la projection. Des rangs rajeunis, des cadres plus et mieux formés, une organisation administrative réactive et proactive. La comparaison dressée entre M. Hammouchi et feu Driss Basri est destinée à brouiller les pensées, alors même que, à l’inverse des années 80 et 90, les politiques parlaient beaucoup et critiquaient autant Driss Basri. Raisonnons par l’absurde… Si Abdellatif Hammouchi et sa police étaient ce que ces gens disent qu’ils sont, ils ne diraient pas longtemps ce qu’ils disent. Celles et ceux qui ont connu les années de plomb confirmeront… Abdellatif Hammouchi, patron de la DST (devenue DGST en 1999) depuis 2005 et de la DGSN dix ans plus tard, avait hérité d’un appareil forgé dans les années 60 avec la mentalité qui va avec, puis il s’est attelé à tout changer.
Dans tous les pays civilisés, sécurisés et organisés il existe de grands flics, de grands magistrats, et dans tous ces pays, il existe des gens qui critiquent leur action. Mais dans aucun de ces pays, les critiques ne font dans l’insulte grossière ou dans l’invective gratuite. Au Maroc, si. C’est une simple étape, qui ne durera pas, vers un mûrissement de la critique et de l’utilisation des réseaux sociaux.
Aziz Boucetta
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