
Mendicité en ligne au Maroc : le ministre de la Justice tire la sonnette d’alarme
La mendicité en ligne connaît une croissance préoccupante au Maroc. Selon Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice, 6 128 affaires ont été traitées par la justice en 2020, aboutissant à 6 525 condamnations. Ce phénomène, en pleine expansion sur les réseaux sociaux, se manifeste par des appels à l’aide lancés hors du cadre légal.
En 2022, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a recensé 127 affaires impliquant 131 personnes, dont un nombre important d’enfants, dans des situations liées à la mendicité. Face à cette dérive, le CESE préconise un encadrement renforcé, un meilleur suivi des cas et des mesures de protection adaptées, notamment pour les mineurs.
Le ministre de la Justice rappelle que la loi marocaine assimile la mendicité numérique à une infraction pénale, au même titre que la mendicité dans l’espace public. Toute collecte de dons ou appel à l’aide réalisé hors du cadre légal strict applicable aux œuvres caritatives est passible de poursuites.
Abdellatif Ouahbi alerte également sur des dérives plus graves, notamment l’usage frauduleux d’images de malades ou de personnes vulnérables, parfois sorties de leur contexte ou totalement fabriquées, pour susciter la compassion des internautes et récolter de l’argent. Selon lui, il s’agit d’une escroquerie fondée sur la manipulation émotionnelle.
Lors de la séance des questions orales à la Chambre des représentants, le ministre a précisé que certaines formes de mendicité utilisent désormais des méthodes détournées. « Certaines personnes mendient à travers des discours politiques ou des messages sur les droits humains », a-t-il expliqué, dénonçant l’usage abusif de ces thématiques pour solliciter une aide injustifiée.
Par ailleurs, en réponse à une question relative aux droits de l’enfant, Abdellatif Ouahbi a indiqué qu’un projet de loi cadre dédié à la protection de l’enfance est en cours de discussion. Plusieurs ministères, dont ceux de la Justice, de la Solidarité, de la Famille et de la Jeunesse, ont soumis différentes propositions, et une décision gouvernementale est attendue pour désigner l’autorité compétente.
Stagiaire
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